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Connais-toi toi-même!

Difficile d'estimer l'impact d'une découverte. En matière de développement des savoirs, l'apport n'est pas sectoriel, mais global; l'effet exponentiel. La massification et l'accélération des déplacements humains sur la planète ont multiplié les échanges et mis en contact des patients de passage avec des systèmes de soins différents; des pratiques jusqu'alors étroitement liées à un environnement culturel spécifique. Rien d'étonnant à ce que l'on s'interroge sur l'apport potentiel de «fécondations croisées» et de nouvelles perspectives de recherche. Après une course effrénée et stimulante, Russes et Américains n'ont-ils pas décidé de «coloniser» la lune ensemble en 2020?

Le savoir médical occidental présente toutefois une singularité: expérimental ou théorique, il a dès l'origine clamé la nécessité d'écarter le malade du discours, tout en admettant qu'il ne peut faire l'impasse sur les témoignages de patients. S'en tenir au vérifiable, écrivait Celse: «La médecine est liée à la théorie, mais doit se fonder sur les phénomènes visibles; les causes obscures doivent être écartées, non pas de l'esprit du médecin, mais de l'art proprement dit.» C'est ainsi qu'un solide corpus de connaissances médicales s'est affiné, déconnecté des pratiques thérapeutiques inspirées par le vécu des patients.

Aujourd'hui, victime de ses succès, la médecine occidentale doit pourvoir aux besoins d'une société croissante, vieillissante et de plus en plus hétérogène. Obsédée par l'explosion de ses coûts, elle est sommée de chercher de nouvelles voies et de déléguer davantage au patient. Le voilà donc promu subitement acteur responsable de sa santé. Vraiment?

L'évolution favorable ne peut être que la résultante d'un accompagnement respectueux par «l'homme de l'Art», note Monique Trompezinski qui relate en ces termes la prise de conscience de son état:


«Lorsque j'ai été embarquée à Bel-Air pour la première fois, manu militari, on ne m'a pas présenté de diagnostic. J'ai entendu le terme “psycho-maniaco-dépressiveâ€, mais quand je demandais des précisions, on ne m'offrait aucune réponse. [...] Pendant de nombreuses années, je n'ai pas eu de critères précis pour identifier ce dont je souffrais. Je n'avais que le regard de l'autre, le regard des médecins, et je me fiais à la succession de médicaments qu'on me faisait ingurgiter dans une ronde incessante de pilules, effets secondaires, contre-pilules.

Un beau jour, sans même m'en avertir, on m'a inscrite à l'assurance invalidité, l'AI à 100%. Pour les médecins, j'avais donc été jugée folle, irresponsable et irrécupérable. [...]

Lors des entretiens, les médecins induisent des questions dont ils ont déjà les réponses, qu'ils rangent bien dans des tiroirs déjà étiquetés. Hors ces tiroirs, vous n'existez pas. Alors, j'ai dû me révolter, tâtonner, chercher, trouver une littérature approfondie, découvrir non seulement ce que l'on sait ici de cette maladie, mais aussi sur d'autres continents. J'ai dû admettre la réalité de mon tempérament maniaco-dépressif. Cette pathologie cyclique est excessivement difficile à supporter; ma mère et mon demi-frère ne se sont pas suicidés pour rien.»

Verdict bipolaire. Une ou deux vies plus tard, Ed. ECLECTICA, p. 84 (extraits).
© Editions ECLECTICA, 2008.



Conservatoire des Savoirs Médicaux
Traditionnels et Populaires
Cycle de conférences
Santé mentale et sens de la vie*




Témoignage de
Monique TROMPEZINSKI

auteure de Verdict bipolaire


mercredi 28 octobre 2009, 19h45
à la Maison des Association, Genève, salle Gandhi

Entrée CHF 10.-


* Se propose d'explorer la façon dont la pathologie mentale est perçue et traitée dans les différents systèmes médicaux d'ici et d'ailleurs

Programme (pdf)







Un témoignage fort, sans concession...

Tout savoir sur
Verdict bipolaire
Une ou deux vies plus tard.





Née pendant la guerre à Lyon (France), d'origine polonaise, c'est en Suisse que Monique Trompezinski entame sa carrière. Succès professionnels, salaire en rapport, tout semblait sourire à Monique Trompezinski jusqu'au verdict sans appel: psychose maniaco-dépressive (troubles bipolaires), à 38 ans, invalide à 100% pour maladie mentale. Un choc effroyable. Plus d'ami(e)s, seule avec un enfant de 2 ans.